Je me dégoutte

Je me lève de la table : J'ai du manger en 4mins chrono. Je suis une monstruosité. Je me dégoutte. Je ne vis qu'à travers la ripaille : elle m'est vitale et me consumme en même temps. Elle est devenue un cauchemar pour moi, si affreux que je ne sait même plus ce qu'est la faim. La sensation du désir de se nourir et de profiter des instants de bien êtres que peuvent nous procurer la nourriture.

J'engloutis. J'avale. J'ingurgite. Je suis dépendante. Je vais au frigo quand je m'ennuie. C'est une vieille habitude que j'ai gardé.

Ca date de l'époque dans le sud, où avec toute la famille on faisait des grands repas les dimanches, dehors sous le grand platane de la cour. C'était des moments de purs bonheurs. La nourriture était bienfaitrice et synonyme de joie.
Parallèlement mes "amies" du primaire me faisaient atrocement du mal en me rabaissant. Tous les soirs quand je rentrais, pour me sentir mieux, j'allais dans le grand placard de la cuisine et je piochais. Alors, inconsciemment sans doute, je me sentais mieux, car cela évocait ces moments de bonheur. Cela a continué. Cela continue encore aujourd'hui. Même si j'ai balayé ma morosité d'avant, l'habitude a pris le pas. Et ce qui devait être un moment rare de joie et devenu un cycle infernal, impossible à stopper. Ce qui devait arriver arriva...

J'ai avalé ma vie.